Sortir au jour

Sortir au jour est le véritable nom du livre des morts des Anciens Égyptiens. Le «jour» en question n'est pas celui des vivants, mais tout principe lumineux s'opposant aux ténèbres, à l'oubli, à l'anéantissement ainsi qu'à la mort.



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Rite funéraire - Littérature de l'Égypte antique - Papyrus

Sortir au jour
O1
D21
X1
D54
G17 O4
D21
G43 N5
Z1

Sortir au jour est le véritable nom du livre des morts des Anciens Égyptiens. Le «jour» en question n'est pas celui des vivants, mais tout principe lumineux s'opposant aux ténèbres, à l'oubli, à l'anéantissement ainsi qu'à la mort. Dans cette perspective, le voyage dans la barque du dieu soleil vers le royaume d'Osiris (version nocturne du soleil diurne en cours de régénération) pouvait être reconnu comme une fin en soi.

Il s'agit de rouleaux de papyrus, recouverts de formules funéraires, positionnés à proximité de la momie ou contre celle-ci, dans les bandelettes. Ces différents «livres» ne sont pas tous semblables, car le bénéficiaire choisissait les formules qui lui convenaient, certainement selon ce qu'il pouvait s'offrir car ces manuscrits représentaient un investissement non négligeable. Certains peuvent par conséquent être courts, tandis que d'autres reproduisent la totalité, ou presque, du corpus.

C'est l'égyptologue allemand Karl Richard Lepsius qui, en 1842, nomma Todtenbuch (Livre des Morts) (nom qui est ensuite resté), un papyrus conservé au musée égyptologique de Turin dont il a effectué une première traduction.

Origine

Le Livre des morts, pour l'appeler selon la tradition égyptologique, apparaît au Nouvel Empire, avec la XVIIIe dynastie ; mais il ne s'agit pas d'une création spontanée. En réalité, la majorité de ces formules trouvent leur origine dans les textes recouvrant les sarcophages du Moyen Empire, ces textes provenant eux-mêmes des formules gravées sur les parois des pyramides[1] de l'Ancien Empire, à partir de la Ve dynastie. L'origine des traditions mythologiques sur lesquelles elles reposent se perd antérieurement.

Le livre des morts a été adapté en «Livre de la renaissance» à la Basse époque, mais il est resté populaire comme tel jusqu'à l'époque romaine.

Composition des textes

Scène issue du papyrus d'Hounefer montrant la pesée du cœur

Le plus fréquemment, les rouleaux de papyrus sont couverts d'inscriptions en cursive hiéroglyphique à l'encre noire, l'encre rouge étant utilisée pour les titres, les passages principaux, ou pour écrire le nom de certains dieux. Au dessus du texte, ou occupant toute la largeur du papyrus, des vignettes, fréquemment en couleur, montrent le défunt face aux êtres de l'au-delà. L'iconographie la plus célèbre représente le jugement du trépassé - ou pesée du cœur - dans le tribunal d'Osiris. Sur une balance à deux plateaux on compare le poids du cœur du défunt, représentant sa conscience, et celui de la plume de la déesse Maât, déesse de la vérité et de la justice. À proximité de la balance, un monstre hybride à tête de crocodile, à corps et pattes avant de lion ainsi qu'à l'arrière-train et pattes arrière d'hippopotame, la «Dévoreuse», attend le verdict...

Il ne faut pas chercher dans les textes une quelconque unité ; les traditions véhiculées par les formules sont particulièrement diverses et parfois contradictoires. À partir de la période saïte (XXVIe dynastie), les formules sont reproduites dans un ordre donné et la composition se fige, tandis que jusque-là seul le choix du futur utilisateur dans l'au-delà primait. C'est d'ailleurs en utilisant un papyrus de cette période que Lepsius a numéroté les formules en 165 chapitres ; cette numérotation n'a pas de sens en soi puisque les papyri antérieurs ne respectent pas cet ordre, mais elle permet d'identifier immédiatement une formule. Il y a 192 chapitres uniques en leur genre connus, mais pas un seul papyrus ne contient l'ensemble des chapitres connus.

Formules 1 à 16 : l'arrivée dans le monde des morts

Le défunt entre dans le tombeau et descend vers le monde souterrain.

Formules 17 à 63 : explication de l'origine mythique des dieux et des lieux

Formules 64-129 : les voyages du défunt

Formules 76 à 88 : les transformations

Le défunt désire franchir l'horizon occidental pour parvenir au royaume d'Osiris, mais ce passage est complexe car il n'y a plus la notion d'espace, la terre, le ciel et le monde de l'au-delà se rejoignent. Les treize formules de transformations aident par conséquent le défunt à réussir à franchir cet obstacle. Il prend l'aspect d'une plante ou d'un animal qui possède le pouvoir de mettre en relation deux univers diamétralement opposés. Ainsi par exemple, le lotus met en relation l'espace aérien, lumineux, et celui aquatique, obscur :

D4
X1
L1 D21 G43 Y1
Z2
A53 G17 O34
N37
N35
M9
Faire la transformation en lotus

Formule 125 : le tribunal d'Osiris

La formule 125 est connue par sa vignette (cf. ci-dessus)  ; il s'agit de «ce qui doit être dit lorsque on accède à la salle des deux Maât». Cette salle est en fait le tribunal d'Osiris, et le défunt va y prononcer sa déclaration d'innocence :

«Je n'ai pas commis l'iniquité contre les hommes, je n'ai pas maltraité les gens...
Je n'ai pas fait le mal...
Je n'ai pas affamé...
etc.»

Cette confession négative est particulièrement longue puisque le défunt décrit une quarantaine de péchés qu'il n'a pas commis, liste qu'il reprend légèrement plus loin en l'augmentant. Mais le défunt, en récitant cela, n'est cependant pas un hypocrite, la suite du titre de cette formule étant «Séparer le défunt de l'ensemble des péchés qu'il a commis» le précise : le mort a péché et n'importe qui le sait. Cependant, en prononçant cette formule dans son intégralité devant Osiris, il sera purifié et pourra par conséquent accéder au royaume de ce dernier.

Formules 130 à 192 : le défunt est admis dans l'univers des morts

Ces chapitres comprennent aussi des passages sur l'assortiment des amulettes de protection, la fourniture de vivres et les lieux importants.

Production

Les livres funéraires sont fréquemment préfabriqués en ateliers, avec des espaces pour écrire le nom du défunt ultérieurement. Ils sont fréquemment l'œuvre de plusieurs scribes et d'artistes dont les travaux ont été ensuite assemblés. Le coût d'un ouvrage pouvait être équivalent à une demi-année de salaire d'un ouvrier, de sorte que l'achat était prévu bien avant le décès de la personne.

Les images et les vignettes pour illustrer le texte, étaient reconnues comme obligatoires. Elles sont tellement importantes que fréquemment le texte est tronqué pour s'adapter à l'espace disponible sous l'image. Considérant que la qualité des illustrations doit être d'un niveau élevé, celle du texte est fréquemment particulièrement mauvaise, les scribes ont fréquemment omis ou mal orthographiés les mots et le texte n'est pas bien inséré sous les images.

Traductions

Les savants de l'expédition d'Égypte avaient collecté des textes que Champollion avaient nommés rituels funéraires.

La première traduction date de 1842, par l'égyptologue allemand Karl Richard Lepsius, selon un papyrus conservé au musée égyptologique de Turin, qu'il nomma Todtenbuch (Livre des Morts), nom qui est ensuite resté.

En 1881, l'égyptologue hollandais Willem Pleyte a complété les chapitres déjà publiés par Lepsius, sous le titre Chapitres supplémentaires du Livre des Morts, 162 à 174 ; publiés selon les monuments de Leyde, du Louvre et du British Museum.

En 1886, l'égyptologue suisse Henri Edouard Naville publia ce qu'il nomma la Bible des anciens égyptiens.

En 1898, l'égyptologue anglais Sir E. A. Wallis Budge, conservateur au British Museum, suite à sa découverte en 1887 à Thèbes du papyrus d'Ani, fit à son tour paraître une édition de la totalité des chapitres du livre des morts sous le titre de Chapitres de la sortie du jour.

Depuis, de très nombreuses éditions utilisent ces textes qui sont désormais du domaine public ; par conséquent, on les trouve sur quantité de sites personnels de passionnés d'égyptologie.

Notes

  1. cf. Pyramide d'Ounas

Bibliographie

Liens externes


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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 27/11/2009.
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