Canal des pharaons

Il est probable que le canal des pharaons fut creusé durant la XIIe dynastie par le pharaon Sésostris III. Ce canal, dirigé d'ouest en est à travers le Wadi Tumilat, joint le Nil...



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Géographie de l'Égypte antique - Canal d'Égypte

Carte du canal des pharaons. En pointillé, on remarque le niveau des eaux du golfe de Suez à l'époque de Sésostris III.

Il est probable que le canal des pharaons fut creusé durant la XIIe dynastie par le pharaon Sésostris III. Ce canal, dirigé d'ouest en est à travers le Wadi Tumilat, joint le Nil et la mer Rouge, pour pouvoir commercer avec le Ta Netjer, donnant la possibilité ainsi directement les échanges entre la mer Rouge et la Méditerranée. Des preuves indiquent son existence au moins au cours du règne de Ramsès II[1].

Il a ensuite été abandonné et selon l'historien grec Hérodote[2], des travaux pour remettre le canal en état auraient été entrepris vers -600 par Nékao II. Ce dernier, qui se livrait à une féroce guerre commerciale avec le souverain assyrien Nabuchodonosor, pensait qu'une voie d'eau serait assurément la plus courte, la plus sûre et la plus économique des liaisons avec l'Extrême-Orient. Depuis Péluse (l'actuel Port Saïd) jusqu'à Bubastis (aujourd'hui Zagazig), la remontée du Nil se fait par la branche orientale du fleuve, la branche tanique. De Bubastis, un premier canal mène aux lacs centraux, dont le plus grand est le lac Amer, et une seconde voie d'eau rejoint ensuite la mer Rouge.

Vers -520, Darius Ier, le conquérant perse de l'Égypte, confie à Scylax, géographe et dessinateur, la mission de descendre l'Indus et de chercher une route maritime ramenant vers l'Égypte. L'utilité du canal est indiscutable et Darius fait aussitôt remettre en état la voie d'eau de Néchao. Darius a commémoré sa réalisation par diverses stèles de granit disposées sur les rives du Nil, dont celle de Kabret, à 200 km de Pie, retrouvée par Ferdinand de Lesseps plus de deux mille ans plus tard, lors du percement de l'actuel canal de Suez. L'inscription de Darius dit :

«Le roi Darius a dit : je suis un Perse. En dehors de la Perse, j'ai conquis l'Égypte. J'ai ordonné ce canal creusé depuis la rivière nommée Nil qui coule en Égypte à la mer qui débute en Perse. Lorsque ce canal a été creusé comme je l'ai ordonné, mes bateaux sont allés de l'Égypte jusqu'en Perse, comme je l'avais voulu[3]

Alexandre le Grand, lors de son passage en Égypte, se préoccupe d'assurer sur la Méditerranée des ports militaires et commerciaux pour remplacer les ports phéniciens détruits lors de ses conquêtes. Il songe tout naturellement au canal des pharaons pour les rejoindre. Le canal ensablé est remis en état et énormément perfectionné par Ptolémée II Philadelphe vers -280. Il le fait recreuser et élargir afin qu'il soit accessible aux bateaux de fort tonnage et que deux trirèmes puissent y naviguer de front ; les ports de la mer Rouge sont rééquipés et de nouveaux mouillages sont aménagés. Les Lagides développent leur flotte dans le golfe Persique, détournant ainsi à leur profit le trafic avec les Indes.

Mais le canal reste malgré tout une voie d'eau assez précaire. Ainsi, Cléopâtre tente de soustraire sa flotte au contrôle de Rome en l'envoyant vers la mer Rouge. Les basses eaux du Nil ne permettent pas à ses navires d'y accéder, seuls quelques vaisseaux y parviennent, mais transportés à dos d'homme.

Après s'être emparé de l'Égypte en -30, Octave, le futur empereur Auguste, fait restaurer le canal qu'il utilise pour acheminer jusqu'à Rome les épices, les parfums, l'encens et les pierres précieuses. Sous le règne de Néron, en 54, le canal est devenu l'artère vitale du commerce romain. À partir de 98, Trajan lance de nouveaux travaux[4]. Tout au long de sa domination, Rome entreprend des opérations énormes d'entretien, d'aménagement et d'élargissement de la voie d'eau, et mobilise des forces armées pour en assurer la protection, toute négligence en la matière pouvant se révéler préjudiciable. Ainsi, en 269, Zénobie, veuve du roi de Palmyre, au nord-est de Damas, parvient à contrôler le canal pendant deux ans, jusqu'à la riposte de l'armée d'Aurélien.

En 639, le gouverneur d'Égypte Amru ben al-As fait restaurer l'antique voie d'eau pour ravitailler les villes saintes de l'Islam, La Mecque et Médine. Trente ans plus tard, le canal est comblé par le calife abbasside Abou Djafar al-Mansour qui compte ainsi affamer Médine, qui a eu l'audace de se révolter contre son autorité.

Le bras oriental du Nil se déporte vers l'ouest et les lacs centraux s'assèchent progressivement. Le canal n'est plus qu'un vague souvenir. Pour rejoindre les marchés du sud-ouest asiatique, Vasco de Gama passe en 1498 par le cap de Bonne-Espérance.

En 1584, Philippe Duplessis-Mornay adresse un mémoire à Henri III, exposant l'intérêt de rendre au «lac méditerranéen» son dynamisme d'antan en ouvrant, avec les Turcs, un canal reliant Le Caire à Suez, mais sans suite.

Dans un mémoire adressé à Sully, premier ministre d'Henri IV, un Marseillais reprend l'idée «qu'on pourrait creuser un canal de Suez au Caire, ainsi qu'il s'est pratiqué sous les anciens rois d'Égypte». Sous le règne de Louis XIV, Colbert conçoit un plan de restauration économique et mène une offensive diplomatique auprès du Grand Turc pour obtenir la réouverture de la route de l'Orient par Suez. Mais conversations officielles et contacts secrets n'aboutissent pas.

De 1679 à 1713, Jacques Savary, un riche exportateur, publie sept éditions du Parfait négociant, un guide à l'usage des marchands installés en Égypte et contraints de se soumettre aux exigences des courtiers arabes. Il y expose l'intérêt qu'il y aurait à relancer le trafic commercial via la mer Rouge.

Napoléon, au cours de la campagne d'Égypte tient à s'assurer de ses propres yeux de la possibilité d'un canal creusé dans l'antiquité par les pharaons. Il charge l'ingénieur Jacques-Marie Le Père de rechercher des traces de l'ancienne voie d'eau, d'étudier sur plans le projet d'un canal et d'entreprendre une reconnaissance méthodique de l'isthme. Le rapport de Le Père est publié en 1808 dans la , préconisant un canal reliant Péluse à Suez. Ferdinand de Lesseps s'attèle avec passion à la tâche exorbitante que représente ce percement et construit le canal de Suez entre 1859 et 1869.

Notes

  1. [1] et Lexicorient à propos du canal de Suez
  2. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne]
  3. Livius. org
  4. L'empereur Trajan laisse un temps son nom au canal.


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