Bibliothèque d'Alexandrie

La bibliothèque d'Alexandrie était la plus célèbre bibliothèque de l'Antiquité.



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Bibliothèque égyptienne - Alexandrie - Époque hellénistique

31°12′N 29°55′E / 31.2, 29.917

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Article de la série Lieux égyptiens
Lieux
Nomes / Villes
Monuments / Temples
Région
Basse-Égypte / Moyenne-Égypte
Haute-Égypte / Nubie
Localisation
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Alexandrie
Coordonnées géographiques : latitude 31°12'N, longitude 29°55'E



La bibliothèque d'Alexandrie était la plus célèbre bibliothèque de l'Antiquité.

Histoire

Alexandrie fut à son époque l'un des plus grands foyers culturels de la Méditerranée, sa superbe bibliothèque étant sans conteste l'un des principaux fondements de sa notoriété.

Il fait partie des généraux d'Alexandre, Ptolémée Ier, recevant l'Égypte en partage à la mort du roi, qui donna l'impulsion intellectuelle et commerciale à la future grandeur d'Alexandrie.

En -288, il fit construire un musée (museion : le palais des Muses) abritant une université, une académie et la bibliothèque (estimée à 400 000 volumes[1] à ses débuts, et jusqu'à 700 000 au temps de César). Par la suite il demanda dans chacun des pays connus à ce qu'on lui envoie les œuvres de tous types d'auteurs, qu'il fallait traduire en grec. Comme la ville était un port, il demanda aussi à l'ensemble des navires qui faisaient escale à Alexandrie de permettre que les livres contenus à bord soient recopiés et traduits. La copie était remise au navire, et l'original conservé par la bibliothèque[2].

Selon la Lettre d'Aristeas , la bibliothèque fut organisée à ses débuts par Démétrios de Phalère[3], un des disciples d'Aristote.

La bibliothèque ne commença à fonctionner que sous Ptolémée II Philadelphe. Ce dernier donna l'objectif de 500 000 volumes[4].

Le musée devint un centre académique de hautes recherches où les savants étaient défrayés par le prince et où ils trouvaient les instruments, collections, jardins zoologiques et botaniques nécessaires à leurs travaux.

La traduction en grec de tous ces ouvrages fut un travail colossal qui mobilisa la majorité des intellectuels et savants de chaque pays ; il fallait que ces hommes maîtrisassent à la perfection leur propre langue mais aussi le grec. La bibliothèque fut dirigée par des érudits comme Zénodote d'Éphèse, puis Aristophane de Byzance, Aristarque de Samothrace et Apollonios de Rhodes. On retiendra par exemple la Septante, un groupe d'érudits issus du courant philosophique du même nom, qui traduisirent l'Ancien Testament. La légende de la Septante dit que six représentants de chaque tribu juive s'enfermèrent sur l'île de Pharos pour accomplir cette traduction. Ils étaient par conséquent soixante-douze rabbins et ils auraient exécuté la traduction en soixante-douze jours.

Le poète grec Callimaque de Cyrène fut nommé à Alexandrie par Ptolémée II Philadelphe, et donna des leçons de poésie dans le musée : il eut Apollonios de Rhodes et Aristophane de Byzance comme disciples. Il devint bibliothécaire d'Alexandrie après la mort de Zénodote, tout en continuant à donner des cours. Il rédigea le premier catalogue raisonné de la littérature grecque, les Pinakes (Tables), fréquemment cités ensuite.

Au début du IIe siècle av. J. -C. , sur l'autre rive de la Méditerranée, Eumène II de Mysie fonda la bibliothèque et centre de recherche de Pergame, en faisant une concurrente à la bibliothèque d'Alexandrie[5]. Cette concurrence aurait pu stimuler le développement de la bibliothèque, mais également aussi l'affaiblir car les Ptolémées était en pleine décadence pendant ce siècle.

Le tyran Ptolémée VIII Évergète II expulsa les savants d'Alexandrie[6]. Il est envisageable que le fonctionnement de la bibliothèque fut interrompu pendant un certain temps. Des volumes auraient pu être emportés par les savants et leurs disciples. D'autres pertes auraient pu être occasionnées par les pillages des miliciens et par négligence de surveillance.

Destructions de la bibliothèque

Contexte scientifique du débat

Les sources sont extrêmement limitées et les positions des historiens tout aussi tranchées les unes que les autres[7].

La seule certitude est qu'aucune trace matérielle de la bibliothèque d'Alexandrie n'a été, à ce jour, identifiée ou retrouvée. L'absence d'élément matériel met par conséquent les chercheurs dans l'impossibilité de valider, infirmer ou corroborer les dires des sources qui, au fil du temps, ont pu être manipulées, incomprises ou interprétées (dans un sens ou un autre).

Résumé des différentes hypothèses

L'évêque d'Alexandrie Theophilus, une bible en main, se tenant debout triomphalement sur le Sérapéum. Le dieu Sarapis est représenté couronné à l'intérieur du temple (en bas de l'image). Illustration en marge d'une chronique rédigée à Alexandrie au début du Ve siècle.

Il y a trois principales hypothèses pour expliquer la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie :

La guerre civile à Rome entre César et Pompée

Articles détaillés : Jules César#La guerre civile et Pompée.

À la fin de la guerre civile entre César et Pompée, après la bataille de Pharsale en -48, César, vainqueur, pourchassa son rival jusqu'à Alexandrie où il le trouva assassiné sur ordre du jeune Ptolémée XIII. Une guerre s'engagea alors entre Ptolémée et César, ce dernier voulant venger le sort réservé à Pompée. Le général romain sortit vainqueur de l'affrontement, et détrôna le jeune souverain au profit de Cléopâtre VII et du plus jeune de ses frères. En -47, les troupes de Jules César incendient la flotte d'Alexandrie ; le feu se serait propagé aux entrepôts et aurait détruit une partie de la bibliothèque. Cet incendie et les différents affrontements (antérieurs ou postérieurs) auraient mené à la perte d'environ 40 000 à 70 000 rouleaux dans un entrepôt à côté du port (et non pas dans la bibliothèque elle-même) [8].

Sur les 700 000 volumes, l'incendie de Jules César est connu en avoir détruit 40 000. Une bibliothèque de 200 000 rouleaux fondée à Pergame par les rois attalides fut mise à contribution pour les remplacer, mais aussi la bibliothèque du gymnase de Ptolémée, à Athènes. En outre, César construisit précisément une nouvelle bibliothèque, le Cesarum, ce qui rend par conséquent fort peu plausible l'hypothèse d'une destruction de la totalité du corpus.

Les conflits de primauté politique et religieuse entre paganisme et christianisme

Les tensions croissantes entre le pouvoir impérial romain paganiste et l'influence religieuse et politique grandissante des chrétiens ont suscité des affrontements qui se sont traduits, par exemple, par l'Édit de Théodose en 391 ordonnant, entre autres, la destruction des temples païens. L'hypothèse avancée par certains auteurs est que la bibliothèque d'Alexandrie aurait finalement disparu au cours de ces différents affrontements[9], [10].

Gustave Le Bon soutient cette hypothèse :

«Sous la domination romaine, Alexandrie reprit un nouvel essor, et devint bientôt la seconde ville de l'empire romain ; mais cette prospérité devait être éphémère toujours. Elle se laissa envahir par la manie des querelles religieuses, et , à partir du troisième siècle, les émeutes, les révoltes s'y succédèrent constamment, malgré les sanglantes répressions des empereurs. Lorsque le christianisme devint la religion officielle, l'empereur chrétien, Théodose - et non le khalife Omar, - fit détruire, comme nous l'avons dit, l'ensemble des temples, statues et livres païens. »

— La Civilisation des Arabes, Livre III, éd. de 1980, page 468

Les conséquences de la conquête arabe

Dès 1203, Abd al-Latif, historien arabe, [11] puis Ibn al Kifti[12] et plus tard Ibn Khaldoun[13] imputent la destruction de la bibliothèque au calife Omar qui aurait donné en 642 l'ordre de détruire la bibliothèque à son chef militaire 'Amr Ibn al-'As.

Ibn Khaldoun reconstitue pour sa part le récit suivant :

«Que sont devenues les sciences des Perses dont les rédigés, à l'époque de la conquête, furent anéantis par ordre d'Omar ? Où sont les sciences des Chaldéens, des Assyriens, des habitants de Babylone ? […] Où sont les sciences qui, plus anciennement, ont régné chez les Coptes ? Il est une seule nation, celle des Grecs, dont nous possédons exclusivement les productions scientifiques, et cela grâce aux soins que prit El-Mamoun de faire traduire ces ouvrages.
[…] Les Musulmans, lors de la conquête de la Perse, trouvèrent dans ce pays, une quantité innombrable de livres et de recueils scientifiques et [leur général] Saad ibn Abi Oueccas demanda par rédigé au khalife Omar ibn al-Khattab s'il lui serait permis de les distribuer aux vrais croyants avec le reste du butin. Omar lui répondit en ces termes : "Jette-les à l'eau ; s'ils renferment ce qui peut guider vers la vérité, nous tenons de Dieu ce qui nous y guide toujours mieux ; s'ils renferment des tromperies, nous en serons débarrassés, grâce à Dieu !" En conséquence de cet ordre, on jeta les livres à l'eau et dans le feu, et par conséquent les sciences des Perses disparurent.»

— Prolégomènes, 3e partie, éd. Quatremère, trad. de Slane, pages 89-90 et 125.

Cette dernière hypothèse est soutenue par les auteurs comme Poulain, ou Canfora[14], [15], et rejetée par des auteurs comme El-Abbadie, ou Le Bon[16] [17].

La bibliothèque moderne

Article détaillé : Bibliotheca Alexandrina.

Notes

  1. Un volume correspondait à un rouleau de papyrus.
  2. 90 000 œuvres originales furent ainsi conservées
  3. Letter of Aristeas, 9–12.
  4. Tarn, W. W. 1928. Ptolemy II. The Journal of Egyptian Archæology, 14 (3/4), 246-260.
  5. Whibley, Leonard; A Companion to Greek Studies. 1916. tr. 123
  6. Pierre Jouguet, L'impérialisme macédonien et l'hellénisation de l'Orient, Albin Michel, Paris, 1972, p.  281 
  7. Cf. M. Poulain dans le § 4 de sa critique de l'ouvrage de M. El-Abbadie, et G. Leroux : «La référence antique n'est pas facile à établir, car nous ne savons presque rien de l'édifice construit par les Ptolémées. Il faut souhaiter à Jean-Yves Empereur d'avoir pour l'ancien musée le flair qu'il a eu pour le phare, car pour l'heure aucun vestige important n'a pu être mis au jour et les hypothèses sur la destruction de la bibliothèque présentent toutes des difficultés en apparence insurmontables Uqam, bulletin automne 2004, p. 18, § 3»
  8. selon M. Canfora ce seraient 40 000 rouleaux de papyrus — des copies conçues pour l'exportation et entreposées au port — qui auraient brûlé [1]
  9. Cf. Ed. Gibbon, ch. 28. et dans El-Abbadie, et Bibliothèque du bibliothécaire, BBF 1994 - Paris, t. 39, no 1 [2]
  10. Deux autres compte-rendus de l'ouvrage de M. Canfora font dire à cet auteur que l'hypothèse la plus probable de la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie est celle résultant des conflits de pouvoir politique et religieux entre paganisme et christianisme [3] et [4]
  11. Silvestre de Sacy, Relation de l'Égypte par Abd-Allatif, p. 183
  12. Ibn al Qifti's Ta'rih al-Hukama, von Dr Julius Lippert, Leipzig 1903, in-8, p. 8 de l'introduction
  13. Prolégomènes, 3e partie, Ed. Quatremère, trad. de Slane, pages 89-90-125
  14. selon M. Poulain dans sa critique de l'ouvrage de El-Abbadie : Malgré les limites des sources, les historiens estiment en effet le plus souvent qu'Alexandrie fut détruite lors des invasions arabes du VIIe siècle sur ordre du calife Omar, qui aurait rédigé à son général Amr, incertain sur l'attitude à tenir envers la bibliothèque : «À propos des ouvrages que tu mentionnes, si ce qui s'y trouve rédigé est conforme au Livre de Dieu, ils ne sont pas nécessaires ; si ce n'est pas conforme, ils sont inutiles. Détruis-les donc». “Amr ordonna par conséquent de distribuer les livres aux bains d'Alexandrie et de les utiliser comme combustibles pour le chauffage ; il fallut six mois pour les brûler. ”, raconte lbn Al-Qifti au XIIIe siècle dans son Histoire des sages. [5]
  15. selon M. Desgraves dans sa critique de l'ouvrage de L. Canfora : Selon L. Canfora, la bibliothèque ne fut pas détruite pendant l'incendie de la ville, au moment de la campagne de César en Égypte, mais les rouleaux furent sacrifiés, au VIIe siècle de notre ère, par l'émir Amrou Ben Al-As, sur l'injonction du calife de Bagdad. [6]
  16. La Civilisation des Arabes, Livre III, éd. de 1980, pages 466-467 : Quand le christianisme devint la religion officielle de Constantinople, l'empereur Théodose fit abattre, en 389, l'ensemble des temples et statues des anciens dieux de l'Égypte, et tout ce qui pouvait rappeler ces derniers. Les monuments trop solidement fabriqués pour pouvoir être détruits aisément eurent leurs inscriptions et leurs personnages martelés. L'Égypte est toujours couverte des débris de cette fanatique dévastation. Ce fut un des plus tristes actes d'intolérance et de vandalisme qu'ait connus l'histoire. Il est regrettable d'avoir à constater qu'un des premiers actes des propagateurs de la religion nouvelle, qui venait de remplacer les anciens dieux de la Grèce et de Rome, fut la destruction de monuments que la majorité des conquérants avaient respectés depuis cinq mille ans. […]Quant au prétendu incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, un tel vandalisme était tellement contraire aux habitudes des Arabes, qu'on peut se demander comment une pareille légende a pu être acceptée pendant si longtemps par des écrivains sérieux. Elle a été trop bien réfutée à notre époque, pour qu'il soit indispensable d'y revenir. Rien n'a été plus facile que de prouver, par des citations forts claires, que, bien avant les Arabes, les chrétiens avaient détruit les livres païens d'Alexandrie avec tout autant de soin qu'ils avaient renversé les statues, et que donc il ne restait plus rien à brûler.
  17. La critique de M. Poulain relève que cette hypothèse est contestée par M. El-Abbadie : la soupçonnant d'être un faux fabriqué par les Croisés, visant à discréditer les Arabes ainsi qu'à les dépeindre comme des ennemis de la culture. Reste deux hypothèses envisageables pour M. El-Abbadi : la destruction de la bibliothèque par les troupes de César lors de la guerre qui l'oppose à Pompée en 48 ou lors des troubles qui virent l'empereur chrétien Théodose interdire les cultes païens, détruire les temples et aboutirent à la destruction du Sérapéum en 342. L'auteur attribue la responsabilité de la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie à ces deux événements conjugués : la bibliothèque royale aurait été détruite par les incendies génèrés par les troupes de César, et le «fanatique évêque d'Alexandrie» serait responsable de la destruction de la bibliothèque du Sérapéum.

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